Vous avez peut-être déjà remarqué, aux abords des routes, dans les fossés, ou dans les champs, ce qui ressemble à une forêt lilliputienne de mini- conifères lors de vos balades printanières ? Il s’agit de la prêle des champs, une espèce indigène aussi appelée « Queue de cheval », ou « Horsetail » en anglais, en référence à la pratique d’attacher quelques tiges à la queue des chevaux pour leur permettre de mieux chasser les mouches qui les importunaient. Comme les fougères et les mousses, la prêle ne fleurit pas et ne produit pas de graines; elle se reproduit à l'aide de spores. Très tôt au printemps, on voit émerger du sol une tige brunâtre de forme phallique, qui peut atteindre 30 cm de hauteur; il s’agit de la partie fertile de la plante, celle qui libérera ses spores avant de se dessécher et de laisser place à la partie stérile de la plante, laquelle se présentera alors sous la forme d’un pin miniature pouvant atteindre de 30 à 50 cm de hauteur; c’est la forme qui nous intéresse sur le plan médicinal, et comme elle est stérile et que la reproduction a été assurée par la précédente, il n’y a aucun danger d’éradiquer l’espèce lors de la cueillette. Sa valeur médicinale réside particulièrement dans sa richesse en minéraux, dont la silice qui a un effet bénéfique non seulement au niveau des os, en y favorisant la fixation du calcium, mais aussi au niveau de la peau en contribuant à la production de collagène et à la cicatrisation des plaies. Elle contient aussi du calcium, du magnésium, du manganèse, du potassium, du soufre et du fer, ce qui la place parmi les plantes minéralisantes par excellence, au même titre que l’ortie. De plus, les flavonoïdes qu’elle contient agissent sur les cellules responsables de la formation des os et aident à prévenir la perte excessive de calcium dans les os. Elle devient ainsi une alliée pour la prévention et même comme traitement adjuvant de l’ostéoporose. Pour extraire ces minéraux, on prépare une décoction de 50 grammes de plante qu’on fait tremper pendant une nuit dans un litre d’eau froide; puis on l’amène doucement à ébullition et on la laisse mijoter 25 minutes. Cette préparation est ensuite infusée 20 minutes puis filtrée; on en boit une tasse 3 fois/jour pour une période de 3 semaines, puis on fait une pause d’une semaine avant de reprendre. Ce traitement s’avère bénéfique pour la santé de nos tissus gourmands en minéraux : les os, les dents, les ongles et les cheveux. Une alternative d’extraction moins laborieuse consiste à faire macérer un plein bocal de feuilles de prêle fraîches, finement découpées, recouvertes de vinaigre de cidre de pomme à 8% d’acide acétique pendant 2 à 4 semaines. Filtrer ensuite la préparation et consommer 40 gouttes 2 à 3 fois/jour. Comme cette préparation est très vinaigrée et peut nous faire grimacer, on peut la consommer dans une tasse d’eau chaude avec un peu de miel, en guise de tisane. La prêle est aussi une alliée du système urinaire. Son usage est reconnu par la fameuse Commission E allemande pour ses effets diurétique, antiseptique urinaire, anti-inflammatoire urinaire et hémostatique. On peut ainsi l’utiliser pour soulager les symptômes tels que les brûlures, les douleurs et l'urgence associés aux infections urinaires. Pour une telle indication, on utilise 1 c. à thé de plante séchée infusée dans 150 ml d’eau bouillante pendant 10 à 15 minutes, à boire 3 fois par jour. La silice présente dans la prêle permet également de synthétiser le collagène, un élément essentiel pour soutenir la peau ou renforcer les cheveux. Cette action est donc intéressante pour lutter contre les ongles fragiles ou encore les cheveux cassants. Cette merveilleuse plante a aussi une action tonifiante pour le cuir chevelu en activant la microcirculation, ce qui favorise la croissance des cheveux et permet de redonner de l’éclat aux cheveux ternes. De plus, les propriétés anti-inflammatoires de la prêle peuvent aider à soulager les démangeaisons et les irritations du cuir chevelu. On l’utilise alors en rinçage après shampoing à partir de la décoction ou de la teinture. En badigeonnage quotidien, ces mêmes préparations contribueront à contrôler la transpiration excessive des pieds. La prêle apporte ses bienfaits jusqu’au jardin, en traitement préventif contre l’oïdium, le mildiou chez la tomate et la pommes de terre, la tavelure des fruits, la rouille de l’ail et contre la fonte des semis. Elle éloignerait aussi les pucerons et les araignées rouges. Tant de potentiel dans une si petite plante !
Suzanne Malenfant md www.smalenfant.com